Le désert de Gobi

Des mon arrivée a UB, je me suis mis en tete que je voulais aller voir le désert de Gobi. Caro en revient et me dit que c'est magnifique et le desert exerce une sorte de fascination sur moi.
Je veux voir les dunes de sables, les chameaux et les quelques nomades qui vivent dans cette region aride.

De retour a la capitale apres le trip a Terelj, les annonces que j'ai laissé dans les guest house et dans les cafés m'ont valu quelques réponses et notamment ce groupe de 4 filles (2 canadiennes, 1 ricaine et 1 mongole) qui partent le lendemain pour Dalanzadgad en plein South Gobi. Okhurai, la mongole qui est une collegue d'une des canadienne a de la famille la bas et connait un chauffeur qui peut nous faire faire le tour du desert dans son mini van russe pour un tres bon prix. Bien content de pouvoir me dispenser des services d'une agence, j'accepte.

Le lendemain, je suis dans le minibus qui fait la jonction UB-Dalanzadgad. Je pars avec Ida et Jenika, deux cousines nées a Montréal, anglophones, et qui sont benevoles a UB pour une association environementale ou travaille egalement Okhurai. Julia, une fille de l'Iowa venu a UB pour apprendre a jouer du Morin Khur fait egalement partie de l'equipe.


C'est un trajet épique sur une piste éxécrable (ou plutot une multitude de piste parallele dans la steppe), un minuscule siege au dessus de la roue avec absolument aucune place pour mettre les jambes (position foetale pendant tout le trip), et des bleus partout a force de me cogner contre la vitre a chaque saut du bus. Sans parler de la poussiere qui force tout le monde a improviser des masques avec leurs foulards. 15h plus tard (!), on est chez les parents de Okhukai qui nous heberge pour la nuit.

S'en suivent 5 jours de trips dans le désert qui nous emmeneront tour a tour a Yolim Am (canyon de glace), Khomgorim Els (Dunes de sable) et Bayanzag, sorte de mini grand canyon aussi appelé "Flaming Cliffs", un lieu ou furent trouvé moults os de dinosaures ainsi que des oeufs ! On croise des gazelles a queue blanche, on fait du chameaux, escalade des dunes et mange de l'intestin de cheval fourré de je sais pas trop quoi.




A chaque arret, les familles de nomades nous acceuillent et nous font boire du thé au lait et manger des petites crottes de fromage de chevre dures et tres odorantes. Certains nous font sniffer dans leur "Snuff bottle", remplie de tabac en poudre, ce qui decape bien le nez.

La snuff Bottle de la famille d'Okhurai

Il fait froid mais la beauté et la pureté du paysage compensent largement le léger piquotement qu'occasionne le vent, parfois intense, du désert.

De retour a Dalanzadgad, on passe a nouveau une nuit chez Okhurai histoire de reprendre des forces avant un retour a UB tout aussi penible que l'aller.

PS. Jenika a aussi ecrit un billet sur south Gobi si ca vous interresse:
http://jenika.posterous.com/south-gobi

Et davantage de photos:
https://plus.google.com/u/0/photos/116615666784870555690/albums/5675459013513863665

Les moines et le Kimchi géant

Un midi a Ulaanbaatar, j'ai faim et je me mets a la recherche d'un endroit ou je pourrais facilement commander a bouffer en pointant du doigt une image sur un menu.

Je me retrouve donc dans un espece de fast food mongol et reconnaissant le mot "Kimchi", je me dis "Bingo", un ptit kimchi coreen, ca fait mon affaire.

Je commande. La serveuse semble un peu perplexe et me demande plusieurs fois de confirmer. Je lui confirme.

C'est lorsque le plat arrive que je comprends mon erreur. Dans la description du plat, en mongol, je reconnais les chiffres 4-5 suivi de mots incomprehensibles. Immédiatement, une fois le plat servi, je comprends que ces mots étranges signifient "plat pour 4-5 personnes". Le prix etant tout a fait honete (6000 tougrouks = 4 dollars) je ne me suis douté de rien. Le plat est enorme, une assiette geante de kimchi, un gros bol de riz et 4 ou 5 petites assiettes d'acompagnement divers. Il est trop tard pour faire marche arriere alors je m'assois, dépité, a une table libre.

Quelques secondes plus tard, 3 moines tibétains en costume me demandent la permission de s'assoir a ma table pour prendre un thé. J'accepte volontier.

L'un d'entre eux parle anglais, il vient d'Inde, probablement pour accompagner le Dalai Lama qui était en Visite a UB la semaine derniere. Il me demande d'ou je viens. Je lui dis que je suis Francais.

Et la, dans un francais impécable, il me dit "Ah la france, je connais bien, j'ai vécu trois ans pres de la porte de clichy a Paris". Je reste coi. Décidément le monde est petit.
Remarquant mon assiette de Kimchi geante, il me fait un sourire et me dit "Eh bien tu as faim on dirait, la baguette et le fromage te manquent ? Tu compenses ?". Je lui explique et il traduit a ses collegues qui piquent un bon fou rire en me regardant essayer tant bien que mal de manger le plus possible pour ne pas gaspiller de bouffe.

N'en pouvant plus je les salue en leur proposant le reste de mon plat mais ils ne sont venus que pour un thé...

Je quitte le restaurant, beaucoup trop plein et honteux d'avoir gaspillé autant de nourriture. Ca m'apprendra a ne pas avoir appris le mongol!

Le petit joueur mongol

Dans le bus pour Kharakhorum, un petit garcon (je dirais 10 ans environ) est assis a coté de moi. Visiblement intrigué par ma lecture (Histoire secrète des Mongols) et tres fier d'avoir réussi a déchiffrer le mot " Mongol" sur la converture, il se met a étaler ses connaissances de la langue anglaise en griffonant les quelques mots qu'il connait sur la buée de la vitre.
Et devinez quel est le premier "Mot" qu'il ecrit: GLHF. Petite paranthese pour ceux d'entre vous qui ne sont pas des joueurs de jeu video cheuvronnés, en language de "gamer" GLHF est la formule d'usage en debut de partie et signifie "Good Luck and Have Fun".
Je lui fais un signe approbateur pour lui signifier que j'ai compris et que je fais moi aussi partie de l'internationale des gamers. Je lui reponds donc en ecrivant "GG", ce qui en fin de partie signifie "Good game". Il commence alors a se dechainer sur la vitre. Il epele tour a tour:
- Warcraft
- Sand King
- CS 1.6 terror
- Football USE, avant que je corrige en USA et qu'il me dise "ZHA ZHA", oui oui c'est ca.
Je comprends donc qu'il joue a Warcraft III avec le Hero Sand King ainsi qu'a counterstrike version 1.6.
J'aimerais lui dire que je jouais déja aux precurseur de ces jeux alors qu'il n'etait meme pas né mais malheureusement il ne reste plus assez de place sur la vitre pour expliquer tout cela et il se replonge dans son Assasin's Creed II mobile sur son telephone portable :)

PS. C'est au son des "Fire in the Hole" et "Terrorist Win" que j'ecris ce billet. A cote de moi dans le cyber café, des ecoliers jouent a ... Counter strike 1.6 avant d'aller a l'ecole.

Turelj - Day 2

Lundi 7 Novembre, le matin mais pas trop tot quand meme, heure locale

Après une bonne nuit de 13h de sommeil, les braises du foyers ont malheureusement disparues et il ne fait pas chaud dans la yourte. Heureusement l'intervention expresse du petit garcon permet, en quelques minutes, de redémarrer un feu vigoureux dans le foyer et d'augmenter suffisamment la température ambiante pour permettre a nos cocons de couchage d'éclore :)
Le temps est magnifique et une belle gelée blanche a couvert toute la steppe.
Au loin, une espece de tache noire fait contraste avec la neige sur le versant de la montagne. Je me frottes les yeux ... Ah bah oui tiens, un chameau en train de sucer de la glace ...



Le plan de la journée est d'aller au Turtle Rock, curiosité géologique locale. Il s'agit d'un immense rocher au milieu d'une vallée qui ressemble a s'y méprendre a - devinez quoi - une tortue ! Enfin ca depend de quel coté on regarde mais bon.


La chose est interressante mais avide de decouvrir un peu plus le coin, on donne congé a notre chauffeur, lui disant qu'on se démerdera pour rentrer a pied ou a cheval ou a dos de yak.

Thomas et Marilyse ont entendu parlé d'un monastère tibétain perché dans la montagne a environ une heure de marche de la tortue et l'on se met aussitot a la recherche de ce lieu sacré.
Les locaux pointent un petite tache blanche au loin, sur les contreforts de la montagne.


La route suit un ruisseau asséché et traverse une foret de pins dont les epines brunes couvrent le sol (Car oui, les conifères, ici, perdent leur épines en hiver). Evidemment quelques chevaux broutent bruyamment (scrunch scrunch) et nous regardent passer avec curiosité.

On arrive enfin au pied du monastère mais, Oh désespoir, la grande porte est fermée et le domaine est entouré de barbelés ne permettant d'entrer qu'en risquant une belle dechirure de vetement. Apres une heure de marche et a la perspective de devoir rebrousser chemin pour entamer les 3h de rando qui nous sépare de la ger, on prend le risque.

On traverse sans embuche et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire ''OM'', on se retrouve sur un espece de ''Chemin de croix'' bordé de paneaux avec de citations philosophique et on croise les doigts pour ne pas tomber nez a nez sur un moine shaolin qui n'apprecierait pas trop de nous voir escalader la cloture de son monastere. On fait tourner les roues (dans le bon sens) et on traverse un pont de corde avant de gravir une volée de marche et de se retrouver enfin a la porte du temple, assez essouflé.

Et la, comme par miracle, un ptit vieux tout souriant ouvre la porte et nous tire le bras pour nous montrer des détails assez ''cocace'' de la fresque qui ornemente les poutres du temple.
Entre deux swaztika c'est une sorte d'armée de schtroumpf méchants qui infligent les pires sévices a de pauvres gens qui ont surement fait des grosses conneries et accumulé un karma franchement négatif.
Ces scenes n'ont rien a envier aux description de l'enfer de Dante ni au jardin des delices de Hieronymus Bosch mais le coté un peu ''naif'' des dessins fait sourir.






Le gardien nous laisse rentrer dans le temple, somptueusement décoré et avec vue imprennable sur la vallée.



Le retour a la ger est épuisant, 4h de marche a travers la steppe, en se guidant tant bien que mal grace a la position du soleil et aux reperes géographique (et accessoirement grace au GPS de thomas ...). Pris dans l'immensité du paysage on se sent vraiment perdu au milieu de nulle part, sentiment assez exaltant s'il en est !

On arrive vers 15h30 au camp et le repas est servi sans attendre mais le retour a pris plus de temps que prévu. Le soleil commence déja a se coucher derriere la chaine de montagne a l'occident.

Ne pouvant resister a l'envie de me prendre un petite baignade de lumière dorée je laisse mes compagnons jouir de l'intimité de la Ger et je commence a escalader la montagne, bien décidé a atteindre le sommet avant que le soleil n'ait tiré sa révérence. Le jeu en vaut la chandelle et je suis largement recompensé en voyant le soleil se coucher a l'horizon et les derniers rayons fuire la vallée. La montagne est en feu et la lune magnifique.

Arrivée a Ulaanbaatar (Ubi pour les intimes)

Samedi 5 Novembre 7:30 AM heure locale

Après 12 h de voyage, une fausse alerte à la bombe à Roissy, un vol Aeroflot au confort douteux et un transfert a l'aeroport de Moscou des plus terne, me voici en pays mongol !
Pas mécontent, il faut bien l'avouer de pouvoir enfin étirer mes jambes et respirer l'air - tres - frais (-15 celcius) d'Asie centrale.

Visa, douane, bagage, recherche ardue d'un ATM en essayant de me faire comprendre par le personel d'aeroport dont la quasi totalite ne parle pas un mot d'anglais, taxi faisant semblant de savoir ou je veux aller et essayant gentillement de me pigeonner, et me voila sur la route de Downtown UB.
Dans l'ordre, les mots qui me viennent a l'esprit sont:

1. Froid mordant
2. Magnifique soleil levant sur fond de ciel bleu
3. Volutes blanches cotonneuses que crachent de massives centrales a charbon sovietique
4. Croissant frais (oui j'ai faim :)
5. Piste poussiereuse et cahotante traversée par des vaches
6. Circulation anarchique
7. Usines, pipelines et smog
8. Grand boulevard, Palace clinquant
9. Blocs appartement délabrés dignes de meilleurs architectes made in USSR
10. Bayaarla, Bayartai (Merci, au revoir)
11. "Euuhhh, je fais comment pour traverser le boulevard a pied la ???"
    

Le taxi me drop devant le state department store, "Gallerie Lafayette" a la mongole, a deux pas de chez Caro, mon amie de Toulouse chez qui j'ai RDV.

Le café efface le froid et la fatigue et déja je pars a la recherche de "trips" dans la campagne mongole. La basse saison commence et le meilleur moyen de quitter la capitale est de trouver un driver et une jeep pour nous emmener hors du smog. Je fais le tour des agences et des guest houses et je laisse des annonces un peu partout dans les cafes, a la peche aux touristes souhaitant, comme moi, aller se balader.

Apres moult tentatives infructueuses, je trouve une guest house organisant un trip pour le parc de Turelj... le lendemain. Je suis fracass' mais qu'a cela ne tienne, le programme est alléchant, pas cher et je n'ai pas passé mon apres midi a chercher un trip pour revenir bredouille. Je signe donc pour le lendemain.

18h, Caro a RDV avec ses collegues de Médecins sans frontieres pour assister un show, privé, de piano offert par la petite amie d'un des bénévoles mongole. Toute la troupe se retrouve dans une grande piece d'un appartement sovietique a ecouter cette jeune femme jouer du "Chopine" (chopin) en buvant du bordeaux acheté a la wine shop la plus proche. La soirée se termine chez Grégory et Stephanie, a siroter de la vodka et de la biere locale, pas pire. Qui a dit que j'étais un alcoolique ?

Parc national de Turelj (day 1)

Dimanche 6 Novembre, 6:30 AM heure locale

bip bip bip bibip bibip BIBIBIBIP BIBIBIP

Tabarnak, quel est le con qui a mis un reveil a 6:30 (= 0:30 AM heure de Paris)? Pis je suis ou d'ailleurs ? Quest-ce que c'est que ce bordel ?

Je reprends mes esprits, et je me replace dans le temps et dans l'espace. Mongolie, UB, Sukhbaatar District, Khoroo 4, chez Caro, il est 6:30 et j'ai rendez vous a la guest house pour un lift vers Turelj.

J'avale un cafe et je sors dans le froid matinal. A la guest house, un couple de quebecois de Montreal m'attendent. Ils seront mes "partners" d'expedition. Ils sont arrivés tous les deux en train par le trans-Siberien, en partant de St Petersbourg. Thomas est ... producteur de jeux video (sans dec ?) et Marilyse manager de communication pour "Le jour de la terre".

Un chauffeur nous embarque, met ses mitaines de pilote et c'est parti pour 2h de route direction Nord-Est.
La circulation est chaotique, la priorité est au plus fort, les dépassements suicidaires et la polution est atroce. En traversant le quartier des gers (Yourtes) en peripherie de la ville, le brouillard s'epaissit davantage. Les mongoles chauffent leur ger au charbon de mauvaise qualité ou a la bouse et chaque petite cheminée contribue a ce smog solide et irritant.
On passe la barriere du parc et dans le creux d'une vallée, le chauffeur nous abandonne devant un camp de 3 gers ou un petit garcon d'une douzaine d'année nous souhaites brievement la bienvenue. Il pointe notre ger, nous signifie que le lunch sera pret pour midi et que d'ici la on a quartier libre pour visiter les alentours. Et a peine ces quelques mots prononcés, le voila enjambant un cheval sans selle ni etrier et filant au galop je ne sais ou en direction de la steppe.

Qu'il en soit ainsi ! Avec Thomas et Marilyse, on escalade la montagne face aux yourtes, escortés par un des chiens de la ferme et c'est du haut de ses sommets que l'on voit arriver une autre jeep amenant deux autres touristes, 2 jeunes suedoises arrivées elles aussi par trans-siberien. La vue est superbe et les nuages gris se trouent un par un laissant pleuvoir de splendides rayons de soleil sur la vallée.

Le lunch (riz + carrotes + patates + oignons + lanieres de viande) avalé, le ptit gars (qui visiblement s'occupe de tout dans cette ferme) harnache nos chevaux et nous fait grimper sur nos fiers destriers. Le soleil decline a l'horizon et le froid commence a serieusement refroidir nos extrémités mais qu'importe! la lumiere dorée qui innonde la steppe est magnifique et l'on sait qu'une ger bien chaude nous attend a la fin de la cavalcade.

Le souper (riz + carrotes + patates + oignons + lanieres de viande) est servi et je tombe comme une masse, bien content de pouvoir enfin rembourser le sommeil pris a crédit ces deux derniers jours.

Quelques photos:
pour voir l'album au complet:
https://plus.google.com/photos/116615666784870555690/albums/5675459013513863665